Coming out: chaque rentrée, j’écris des chansons. Je ne sais pas ce qui, de la lumière déclinante ou des cohortes travailleuses, suscite mon brame. En septembre je perds l’ironie, feuille morte. Ni les doigts rouillés, ni mon oreille louche ne me retiennent. Il est temps d’assumer ce tropisme de crooner folk, qui prolonge mes écritures. Je posterai quelques-unes de ces compos, lorsque leur imperfection ou leur bizarrerie me paraîtra propice.
Aujourd’hui, les plaisirs simples : la bible, koh lanta, la forêt.
Le principe des Vases communicants : tous les premiers vendredis du mois : échanger ses vidéos, s’emparer des image et de la bande son de l’autre, entrer en dialogue avec… En ajoutant voix off, texte lu / improvisé / écrit sur l’image / sons / musique et diffuser sur sa chaîne YouTube la vidéo de son invité…
et vous adorerez, imbécile caillette mes vers antipathiques vautrés dans le transat d’une anthologie noire à souffler les paillettes oh vous les aiiiiiiimerez, vous qui les méprisâtes
et vous viendrez alors visiter les infects affects calamiteux de ma lyre, oui, car vous qui fermez le bar de vos regards select trouverez quelque ivresse dans mes vers à ricard
La collection top25 constitue la pépinière principale des éditions de l’IGN : au plus proche de la « rugueuse réalité », sans concession aux modes (sauf douteuses tentatives numériques), dans un esprit de rigueur et d’inventivité qui fait souvent défaut au paysage littéraire contemporain. Une nouvelle publication est toujours un risque : cet opus intitulé « Crêt de la Neige 3328OT Oyonnax. Lélex. PNR du Haut-Jura » tient et dépasse les promesses de la collection. Il faut s’y laisser glisser comme si jamais nulle poésie n’avait été écrite avant elle. Elle invente un monde où nous devons réapprendre à marcher.
Rigueur disions-nous et c’est la première évidence : là où tant d’œuvres souffrent de relâchements expressifs, de creux où tombent et crèvent nos capacités attentionnelles, ici même une tourbière est un sommet. L’auteur (ou l’autrice?) engage une épreuve de force avec ses propres moyens, épreuve qu’elle soutient jusqu’au bout: la précision de la légende, de l’échelle, des proportions et des couleurs reste – presque maniaquement – respectée. Ainsi, une forte tension parcourt la carte, qui électrise sa lecture: l’enjeu traverse le papier, nous saute au visage, sans compromis possible. Mais pareille rigueur ne serait que tristesse robotique sans le fourmillement qui se déploie dans l’espace contraint du papier. Pas de retour à la ligne foireux, pas d’extravagance formaliste à périr d’ennui ni d’uniforme revêtement, mais une séminale éruption de contrastes : les larges forêts sont rayées d’une autoroute où les ouvrages d’art tantôt s’opposent, tantôt épousent les courbes de niveau par moments torturées. Ce combat de géant en constitue le morceau de bravoure, mais l’ensemble est piqueté, comme une averse d’évènements singuliers, de coups de théâtres : tours, chapelles, sources, croix, gros rochers marquants, station de pompage, tumulus, etc. Et cela se tourne, se retourne, se déplie et se lit dans tous les sens, au hasard: une constante surprise en deux dimensions. L’engagement verbal est total : d’une « Montagne des Moines » à un « Technoparc du pays de Gex » en passant par une « Commune de Septmoncel les Molunes » et des « combes », « abergements », « Oublies », « Teppes » et autres « Queues de lac » les toponymes ne plaisantent pas avec leurs ressources d’imaginaires, leur fracas de sons et de sens. La profondeur diachronique le dispute aux stigmates de la modernité. L’auteur restitue avec puissance un monde qu’il sait regarder en face et simultanément avec une érudition ouverte comme une plaie : vous n’empêcherez pas la D436 de finir en 2×2 voies. Ni d’énormes lignes hautes tension de flétrir le Pré Michy. Et pourtant, l’auteur vous laisse étonnamment libre: aucune manipulation, aucun jugement, vous voilà embarqué aussi dans votre propre pensée, dans votre propre espace et dans des projections, des espoirs et des manques qui vous appartiennent. La marque des grands, sans doute, que de raconter ainsi le présent à une échelle intime et pourtant commune. Des prémisses d’horizon naissent à cette lecture ; ils n’y sont pas explicitement inscrits, mais des ciels se lèvent avec certains reliefs, et c’est comme un peu plus libre que vous reprenez la route. Visions, échos, passages : fulgurances de couleurs et rage de l’écriture dans un remarquable retrait narcissique : la tête vous tourne et c’est l’esprit désorienté qu’on sait mieux que jamais où, malgré l’autoroute, sourcer sa propre quête.
Vide fleur cloche beurre écarte de la tête tout ce qui toque Ouvre fenêtre chasse l’air marche sur haut-parleur désert dans les blocs dans l’arc desbruyères dans ballon bleu qui enfle comprends le sens de la lumière Arase l’arme flaire le long d’un tourbillon d’eau claire
S’évase se corse penche au rebord d’un raffinement enfoui sonde la truite comble la nuit entre l’assuré et l’écorce filtre des mousses avale son chemin pisse sa force renaît d’entre ses mains jette un oeil puise un regard laisse éventré un sourire et part dépense corps dépêche l’arme sans savoir sans retenir rien plie la branche lève l’hache jusqu’au fil aérien où file flèche : moi l’an 2000