
Je dis pas du mal pour le plaisir mais si le mot poésie a encore un sens : alors, non. Actes Sud tu publies foule d’excellents livres, mais il faudrait que tu arrêtes de dire « poésie ». Cyril Dion: désolé, je n’ai rien contre toi, tu m’as l’air d’un bon type et moi je ne sais pas du tout ce que c’est que la poésie, mais : pas *ça*. Et je trouve grossier de vendre cet ouvrage sous ce nom. N’importe quel « petit éditeur » sérieux de « poésie » rougirait devant ces poétismes infantiles à base de satin éperdu et d’orfèvrerie de l’abîme. N’importe quel revuiste digne refuserait ces compléments du nom rafistolés au gros scotch: sans déconner « des employés des entreprises » ? « des indiens des forêts » ? N’importe quel bricoleur de fanzine renierait la coupe de tes vers sans rythme ni raisons, semés de virgules aussi légères que des clous de cercueils et plus encore la niaiserie moralisante du propos. Et je sais pourtant que tu n’as pas fait exprès, ce n’est pas de ta faute : on t’a dit banco, vazy camarade, tu as des choses à dire. Mais non : la poésie n’est pas la danseuse d’une quelconque cause. Tu as certainement bossé d’autres trucs, navré : la poésie nécessite elle aussi un travail. Un foutu travail. A la serpe : dans la langue, avec elle et contre elle. Amen. Tu ne sers même pas ta cause en chantant comme une tronçonneuse. Lis un peu des poètes. Va voir untel, unetelle. Je te citerai des noms si tu demandes humblement. Tu pourrais comprendre comment ce travail peut ensauvager, réellement ensauvager les mots. Là commence ta Cause, peut-être? Comment le poème peut devenir un étrange mobile, une créature en fuite. Tigre. Toi tu arrives chez le Grantéditeur : tu jettes par centaines des bisounours domestiqués, en plomb, qui vont moisir au fond de la mare. Nous, tous les printemps, on ramasse ce que Fraxion appelle en son âme et conscience des poèmes de m*…. Mais ce n’est pas ta faute. Actes Sud, merci de cesser toute publication « poétique » ou bien Villon, Tarkos et Machintruc qui bricole ses fanzines, on te colle un procès pour contrefaçon. Et tu verras l’audience: ça va brailler, pas chouiner de « l’inavouable communauté de destin ». Bises