Ton activité d’écriture s’étant réduite à publier quatre lignes sur facebook, tu te souviens brusquement qu’il faudrait:
– commencer par écrire
– continuer par écrire
– ramasser tout le barda, réécrire, découper, composer, t’acharner, relire, amender, tout jeter, tout reprendre
– continuer par écrire
– creuser encore
– couler forme et élan
– proposer à des gens, connaître des gens, rencontrer des gens, plaire à des gens, écouter-questionner des gens, lirelirelirelire
– vivre, gesticuler, seriner, accompagner, visite-guider ton barda, servir après vendre
– charmer charmer charmer des grands-mères, des pommes et des adolescents
– commenter le moment, battre la campagne, vaporiser ton avis sur tout partout
– sculpter ta position radicale et unique
– peaufiner la statue
– arrêter tout le reste, tout le restant à vivre
– huiler, faire le plein, incendier la petite SA de ton ego sous pseudonyme
– briller comme cristal vide, préjugé de cristal sur l’auteur et la vie
– voyager aux frais de la Princesse: les auteurs voyagent
– trahir toutes les causes et les êtres : les auteurs trahissent
– apparaître en opuscules, groupuscules, corpuscules, groupes et revues, cimetières, amphithéâtres et pagodes, ateliers et prisons, agendas, missions, pèlerinages, pétitions, golgothas, notifications, rendez-vous, polémiques et geysers
mais tu chasses, à quoi bon, ce souvenir honteux, en soulevant une montagne de scintillements sous lesquels : l’étincelle silencieuse. Parfois le vent brûle et tu es chez toi.