[Attention copinage : l’auteur du post connaît l’auteur du livre, l’excellent éditeur de l’un est l’excellent éditeur de l’autre. Nonobstant, l’auteur du post revendique la pureté sincère de son estime littéraire]

Voici un long poème, touchant et drôle, acéré et inattendu, un requiem de premier ordre que l’intéressé n’aurait pas commandé à Jean-Sébastien Bach ; Jean-Claude fut un collègue manutentionnaire du poète, une figure locale et un mystère cependant, une de ces ombres incertaines qui conduisent les fenwicks dans la nuit de l’exploitation ouvrière. Requiem de ceux qui n’en commandent pas, donc, et que Grégoire Damon dépose à l’usage des vivants, avec sa rythmique gouailleuse évacuant toute gravité, mais non sans pudeur. Du meilleur Damon: inimitable dans les accélérations et les loopings. Du « Realpoetik » en barre, qui fait jouer au vers un récitatif funèbre autant que joyeux. En ce moment dans la lecture de Ceux qui trop supportent d’Arno Bertina, excellent livre aussi sur la condition des ouvriers, je me dis que ces deux livres de dignité, de deuil et de combat, mériteraient le même éclairage : au fumigène et à la bougie. Faites tourner le capitalisme: achetez plutôt (ici).

